Quand le mort est trop vieux et pas assez célèbre pour être pleuré par qui que ce soit de vivant, on lui pique sa place au cimetière. Place aux jeunes !
On le jette lui, mais on ne va pas jeter la décoration de sa tombe. Beau travail de fer forgé dû à un artisan de talent. Travail amoureusement fait pour un compagnon ou une compagne, ou un fils ou une fille qui veut qu’on se souvienne amoureusement de celui ou celle qui a décidé hardiment de quitter l’air pour la terre, devenant feu, ce qui a fait couler l’eau du visage de ceux qui ont voulu se souvenir. Le cœur est là pour le prouver qui s’écarte de la traditionnelle croix omniprésente sous nos latitudes.
Qui se souvient maintenant du nom qui se cache derrière ces deux belles initiales allongées aux empattements fendus ? Sans doute plus personne sinon l’initialonyme inconnu n’aurait pas été expulsé de son dernier et minuscule appartement. Sa décoration de tombe a rejoint contre le mur de l’église ou celui du cimetière les autres souvenirs des temps disparus, en attendant que la rouille ne la fasse disparaître à son tour. Le temps a toutes les patiences.
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