J’ai la flemme de vérifier mais il me semble bien qu’il est interdit maintenant, lors du changement de propriétaire d’un établissement dont la devanture présente un intérêt esthétique évident, que le nouveau propriétaire détruise cette devanture pour en imposer une autre de son goût qui pourrait bien ne pas être au goût de tout le monde, voire déplorable. Cela pour préserver des petits chefs d’œuvre artisanaux et artistiques comme la mosaïque de la photo, par exemple.
Le nouveau propriétaire, ici, a fait preuve d’ingéniosité et de malice. Le commerce des produits de la mer s’est transformé en bistrot par le simple ajout d’une boucle (une panse dans le jargon des créateurs de caractères) à un P et, hardi petit, le poisson s’est transformé en boisson, la poissonnerie en boissonnerie, on nage dans la transformation comme un poisson dans l’eau-de-vie tellement c’est évident.
Oui, certes, il reste les rougets qui dansent en rond de chaque côté de la mosaïque et, comme là on est à Paris et pas à Lille, c’est difficile à intégrer. On pourrait imaginer, puisqu’ils dansent ces êtres de la mer, que le bistrot soit un café dansant, avec concert de vrais musiciens tous les soirs. Ça s’est déjà vu, ce genre d’établissement délassant et fêtatoire. Ça s’est vu. Et, au passage, on peut être soulagé qu’on ait affaire ici à des rougets et pas à des maquereaux qui auraient donné des connotations plus que louches au bistrot.
On doit avouer et porter au crédit de ce débit de boissons qu’il s’est bien débrouillé. Et tout ça avec le simple ajout d’une panse bien rebondie à un P, le monde n’est pas si mal fait que ça. Du moins le monde de la typographie et des images, parce que celui des bipèdes...
Document generated in 0.01 second