Page en cours de chargement
Thomas Braun
des fromages
8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
Auteurs
Chronologique
Des barbares...
... pour ceux qui auraient la flemme de chercher.
Bibliotératologie
Casses
Divertissements
Fin-de-Siècle
Fourneau et Fornax
Impressions
Typographie
11586491 visiteurs
104 visiteurs en ligne
Pochoir - par cls
On est en droit de se questionner face à une telle inscription. Une interrogation à la fois sur la forme et sur le fond.
Sur la forme
On a affaire ici, tout le monde en conviendra aisément, à un pochoir imprimé à l’aide d’une bombe de peinture blanche.Sans doute bombé dans la précipitation. La distance de projection a été calculée à la va vite comme en témoignent les traces blanches diffuses autour du rectangle du pochoir et les dégoulinures sur le texte. Un peu trop d’insistance.
Pourquoi, maintenant, utiliser de la peinture blanche pour réaliser ce pochoir, ce qui implique de trouver un mur qui ne soit pas blanc afin que le texte soit lisible, ce qui contredit le texte ou, du moins, qui rend étrange le rapport entre le contenu du texte et la couleur qu’on lui a donnée.
Fabriquer un pochoir mural quelle que soit sa nature — image décorative ou texte ayant pour but de donner à réfléchir comme ici — implique une volonté de multiplication, de dissémination de l’image ou de l’information qu’il contient dans divers endroits, sur divers parcours, afin qu’un maximum de personnes puissent en prendre connaissance. Dès lors, pour le réaliser, pourquoi ne pas utiliser une autre couleur que le blanc qui ne jurerait pas avec son texte ? Bomber en blanc sur un mur blanc rendrait l’inscription difficile à lire. Lecture difficile mais pas impossible car il n’existe pas qu’un seul blanc et deux gradations superposées de ce qu’on appelle communément blanc créent quelque chose de perceptible, de possiblement lisible. Mais un tel pochoir est prévu pour être lu (et donner à réfléchir) aux passants qui passent, aux déambulateurs de rues dont la vocation première n’est pas de déambuler dans la dite rue mais de se rendre d’un point de départ à un point d’arrivée. Dès lors le temps que le passant qui passe a à consacrer à la lecture n’est pas infini. Il pratique la lecture en passant, une lecture qui se doit d’être rapide, voire immédiate. Ce qui semble, pour l’efficacité de la chose, devoir exclure le blanc sur blanc. Cela posé, pourquoi le bombeur, pour l’efficacité de son message, n’a pas choisi de le multiplier avec une autre couleur que le blanc ? Mystère. Il faudrait pouvoir exercer un sondage dans l’esprit du bombeur afin d’obtenir une réponse. Ce qui n’est pas possible, surtout quand on ignore qui il est.
Sur le fond
On entre maintenant dans le texte et dans la compréhension qu’on peut en avoir. « Mur blanc », ici ne fait pas réellement allusion à sa couleur, mais à son absence de toute souillure, à sa virginité, celle que se doit de posséder toute jeune fille de bonne famille ou chaque mur qui se respecte. Il faut donc traduire l’expression en « mur immaculé » ou en « mur non souillé ». Bon. On avance. Que veut dire maintenant « peuple muet ». Certainement pas que les rues sont silencieuses même quand des dizaines de bipèdes s’y promènent. Dans notre présent cas de figure, quand on parle de « peuple » cela exprime le concept de « masse nombreuse d’individus de toutes sortes » privée de tout pouvoir (ou presque) face à une toute petite quantité d’individus qui, eux, on le pouvoir et qu’on peut désigner par « les dirigeants ».
Donc, si l’on veut bien comprendre le sous-texte de ces quatre mots, ils veulent dire : « Quand les murs sont vierges de toute souillure, les bipèdes qui forment le peuple sont résignés et ne s’opposent pas à leurs dirigeants, même s’ils ne sont pas d’accord avec eux. »
Oui. Bon. Mais est-ce qu’écrire sur les murs est la seule solution, est la seule façon de réagir pour exprimer son mécontentement ? On doit pouvoir procéder autrement et laisser les murs propres, vierges de toutes souillures pour le plus grand plaisir des touristes qui aiment à se faire photographier devant, qui viennent faire des emplettes dans les boutiques de luxe, qui louent des chambres somptueuses dans des hôtels de grand standing, qui dépensent leur argent sans compter chez nous afin de diminuer notre déficit commercial international.
Qu’on foute la paix à nos murs qui ne nous ont rien fait et qui n’y sont pour rien dans un éventuel conflit entre le peuple et ses dirigeants. Ils sont innocents, alors pourquoi ce plaisir pervers qui consiste à les violer sans même avoir le moindre remords de la monstruosité commise à leur égard ?
Il est bien d’autres manières pour le « peuple » de manifester son mécontentement. On peut l’écrire et le multiplier sur des feuilles de papier à distribuer largement au plus grand nombre afin de le mettre au courant de la colère qui gronde. Ça ne sert pas à grand chose car le plus grand nombre, c’est — justement — le « peuple » et il est déjà au courant, mais ça fait marcher les imprimeries et ça, ce n’est pas si mal. On peut aussi inonder les « rézosocios », mais c’est pareil, sauf que ça ne fait pas marcher les imprimeries. On peut enfin faire comme nos arrière grands-parents, prendre en mains nos fourches, nos faux, nos hies, nos haches et nos marteaux et aller délivrer les pauvres prisonniers de la Santé, puis la démolir et en utiliser les morceaux pour en faire de charmants colifichets à touristes, et enfin s’emparer des dirigeants contestés et les jeter à la Seine non sans les avoir décapités auparavant ; à moins que — ne voulant pas être trop violents afin de rester dans la mesure d’une révolte raisonnable — on ne les entasse dans une fusée à destination d’une station spatiale qui ne redescendra jamais.
On voit bien que nous sommes en possession de bien d’autres solutions que celle qui consiste à salir les murs. Ce en quoi les murs ne peuvent que nous remercier. Ô joie !
Tératologie livresque
Typo rurale
Typo des rues
Typo des bois
Proverbes
Pratique éditoriale
Pratique typographique
Post-concours
Nouvelles internes
Nouvelles externes
Mes maîtres
Livre
Lieux de convivialité
La photo du jour...
Impression
Fourneau-Fornax
Contes et nouvelles
Concours
Bibliophilie
Art
Amis
Alphabet
Fornax éditeur 18, route de Coizard, 51230 Bannes – France