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L’homme au coin
10 pages,
format 8,5 x 8,5 cm.
tirage à environ 30 exemplaires en typographie au plomb.
Thomas Braun
des fromages
8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
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Des barbares...
... pour ceux qui auraient la flemme de chercher.

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Trouver de la parole dans la rue n’est pas chose difficile. Nous y trouvons certaines affiches et certains bombages. Le plus souvent dans des lieux différents, mais il arrive qu’un lieu soit squatté par les deux entités en même temps, ce qui peut donner lieu à un corps à corps entre deux réflexions, ou entre deux constats, ou entre deux révoltes.
Le passant qui passe a parfaitement le droit de passer droit dans ses bottes, la tête haute et le regard fixé sur la ligne bleue des Vosges. Il ignore, il déplore, voire il méprise ces expressions plus ou moins spontanées. Il peut aussi, sans en avoir l’air, en gardant toujours la tête haute, obliquer du regard pour prendre connaissance des messages. Il en fera ce qu’il en fera : un instantané vite oublié ou le point de départ du début d’un commencement de réflexion, c’est à lui de choisir en fonction de ce qu’il a lu du coin de l’œil et du degré d’intimité qu’il peut avoir avec sa lecture.

Pour ce faire, le passant qui passe — qui peut tout aussi bien être une passante qui passe, rien ne s’y oppose, le cas est même assez fréquent — dispose de facilités plus ou moins importantes pour intégrer le message sans arrêter de passer puisque le passage est son activité principale sans il ne serait plus un passant. Plus le message est écrit gros et plus il aura de facilité dans sa lecture et de la fluidité dans son passage. Pour parler un peu (juste sur les bords) de typographie, c’est une question de corps. Pour résumer, plus le corps du message est gros et plus celui du passant reste régulier dans son passage.
Mais il se peut aussi qu’un élément perturbant vienne intriguer notre passant qui passe. Un élément vif et coloré qui rompt avec la grisaille monotone environnante. Un violet un peu rose, par exemple, taché en blanc et noir d’un texte au trop petit corps pour être appréhendé en passant. Le corps, encore lui. Alors le passant peut ex abrupto et in petto décider d’abandonner son statut de passant qui passe (ce qui, pour les autres passants qui passent, peut être considéré comme une trahison ou un grave manquement à l’éthique passante). Il prend alors le statut de lecteur de rue, une position statique qui gêne les autres passants qui passent et les oblige à des contournement générateurs de grognements ou d’injures diverses.

Si la lecture statique génère des réactions négatives chez ses non-adeptes, elle génère parfois de la réflexion chez le lecteur, une réaction positive volontairement provoquée par l’élément vif et coloré qui veut rompre avec la grisaille monotone des cervelles environnantes.
Plusieurs critères peuvent être appliqués en matière de publicité. On peut la trouver énervante, irritante, horripilante, assommante, répétitive, stupide, débilitante, crétinisante, somnifère, nivelante (par le bas), mensongère et bouffeuse de temps. De son côté, elle se voit créative, informative et nécessaire. C’est son droit, après tout. Elle a le courage de ses illusions.
Lorsqu’on a affaire à une enseigne de magasin, lorsqu’on la regarde, lorsqu’on la lit, lorsqu’on l’évalue du regard, on prête attention en premier lieu à l’information qu’elle porte. Puis, consciemment ou non, on juge son esthétique, sa pertinence, son état. L’enseigne se comporte un peu comme la « publicité » première du magasin. Suivant le jugement qu’on en a — à supposer qu’un de nos besoins immédiats puisse être satisfaits par le magasin qu’elle renseigne — elle peut nous donner envie ou non d’en franchir la porte. Elle peut donc avoir un effet positif ou négatif sur nous et notre comportement, même si ce n’est pas notre seul critère d’évaluation, même s’il nous est tout à fait possible de passer outre.

Cette enseigne nous informe sans ambiguïté sur l’entreprise qui se trouve dans les locaux. Bien. Elle se présente avec une recherche certaine comme un trompe-l’œil d’étiquette clouée ou vissée sur le mur, dotée d’une typographie ombrée de belle facture réalisée par un excellent peintre en lettres. Bien. Alors qu’elle était neuve, elle constituait une publicité positive pour la boutique. Bien. Mais son état, au moment où la photo a été prise, compte tenu de la nature même de l’entreprise, constitue la pire publicité négative qui soit. Il est parfois des détails qui tuent.

Chut ! Taisons-nous… et dormons toute la nuit jusqu'à la grasse matinée de demain.
Hier, j’ai discuté avec un visiteur de passage, un visiteur imprévu. Bavardage de bon voisinage, rien de bien philosophique, rien de bien typographique, rien de bien fantastique. De l’ordinaire à tendance banalisante avec un soupçon d’habituel relevé d’une pointe de bon sens.
— Bonjour !
— Ah ! vous m’avez vu…
— Ben oui… vous traversez mon jardin avec une lenteur d’ecclésiastique après un copieux repas de Carême…
— Ah bon ? parce que les repas de Carême sont copieux chez les bipèdes ?
— Non, mais c’est ça qui est drôle à dire…
— Pourquoi voulez-vous être drôle ? Pour briller en société ?… il n’y a personne d’autre que moi… Heu, pas la peine de me répondre, je m’en fiche un peu de votre réponse, je ne fais que passer. J’espérais même, par discrétion, ne pas être vu.
— Alors, c’est raté. Zut…
— Ce n’est pas grave, rassurez-vous. J’en ai vu bien d’autres. Rien dans tout cela qui pourrait me mettre en boule… Voyez-vous, j’aime l’automne… Nous sommes bien en automne, n’est-ce pas ?
— Oui…
— J’aime l’automne parce qu’avec toutes ces feuilles d’arbres qui sont tombées sur l’herbe, on a du mal à me distinguer. On me confond avec elles, je passe inaperçu. C’est comme un camouflage, en quelque sorte. Enfin, je crois. Et quand il pleut, je peux me taper des escargots en toute quiétude…
— Je vois !
— Heureusement que vous voyez, sinon comment m’auriez-vous aperçu ? Mais c’est pas tout ça. Faut que je vous quitte. Il n’y a pas d’escargots par ici, je vais voir plus loin s’il y en a...

Tout est une question de croyance. Chacun à la sienne ou les siennes. C’est ça le libre arbitre. On a le droit de croire en ce qu’on veut. Mais dans bon nombre de situations, il vaut mieux garder pour soi, dans l’intimité privée de son hémisphère cérébral personnel, la totalité de ses croyances. Disons que c’est plus prudent. Ça évite les conflits, et dans certains endroits de la galaxie, ça évite aussi les ennuis. Sauf, bien sûr, si l’on est homme ou femme ayant décidé de faire de la politique. Là, on peut étaler ses croyances dans des magnifiques discours finement sculptés dans la masse et dorés à l’or 18 carats. On ne risque rien, car tout le monde sait que c’est rien que des craques, que c’est du pour-de-faux. Ça fait même rigoler la plupart des spectateurs, sauf ceux qui font semblant d’y croire pour se donner une contenance ou parce qu’il y trouvent un intérêt personnel. En dehors de cette marge infime, les autres de la plupart savent qu’ils sont au spectacle et ils jouent le jeu, réjouis, et ils applaudissent des deux mimines les Gnafrons et les Gendarmes, les yeux écarquillés pour ne rien perdre de ce qui se dit et de ce qui se montre dans le castelet. Faut bien rigoler de temps en temps.
Mais tout ça n’a rien à voir avec les croyances qui sont personnelles si l’on est un homme et mersonnelles si l’on est une femme, mais dans les deux cas, ça revient au même, faut garder pour soi tout ce fatras qu’on croit que c’est vrai même si tous les autres croient le contraire. Ce qui, en soi, n’est pas très grave car si tout le monde garde pour soi ce qu’il croit, personne ne sait ce que croit le voisin, ni tous les autres qui croient ou qui ne croient pas. Et tout le monde est content dans le meilleur des mondes possibles.
Ne rien dire de ce qu’on croit, ce n’est pas un principe, ni un conseil, ni même une loi. C’est ce qu’on pourrait appeler un devoir de réserve. Ça fonctionne bien comme ça. Même au sein du cercle familial (qui n’est pas toujours circulaire).
— Dis, Zéphirin, qu’est-ce qu’on t’a appris à l’école aujourd’hui ?
— Ah ! j’peux pas te le dire, papa, le prof m’a donné un devoir de réserve à faire à la maison, qu’est pas piqué des hannetons.
Ce n’est pas obligatoire de ne rien dire au sujet de ce qu’on croit. C’est simplement prudent. Parfois aussi, ça évite qu’on se foute de vous, comme c’est arrivé avec ce zozo qui croyait qu’on pouvait aller en enfer en passant par les descentes de gouttières. Moi, j’ai essayé pour voir, c’est pas possible, je suis trop gros.

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