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Thomas Braun
des fromages
8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
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Des barbares...
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Fourneau and Fornax
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... for those who are too lazy to seek.
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— Ah ! Bah, tiens donc !... il continue avec les petits zanimaux, histoire de nous attendrir, le vieux grognon... Il a trouvé un filon...
— Même pas. C’est un hasard totalement fortuit, imprévu et hasardeux...
Tout à l’heure, je bossais (ça m’arrive encore de temps en temps, chaque jour) dans mon atelier et... un petit boum sur la vitre de la fenêtre. Je sors, et sur la margelle de la fenêtre, toute étourdie, le bec grand ouvert, une mésange qui s’était cognée grave contre la vitre. Un peu dans le coaltar. Je lui cause, elle ne cuicuite pas.
Je m’approche, elle se laisse approcher. Je la prends dans ma main, elle se laisse prendre. J’appelle ma pouse pour lui montrer. On lui donne de l’eau, pour la réveiller, on ne sait jamais. Elle boit. On lui cause doucement pour lui dire qu’on est gros et grands (pour elle), mais qu’on n’est pas méchant. Elle écoute, mais elle ne doit pas bien comprendre, elle est encore sonnée. Elle ne cuicuite toujours pas, mais elle m’a cacaté sur la main.
Une mésange sur le pouce... Quand elle a eu fini de boire, on va la porter sur une branche basse d’un poirier, devant l’atelier. Elle titube un petit peu, mais elle s’accroche. Elle fouraille deux ou trois fois dans ses plumes à coups de bec ; pour nous, c’est la preuve qu’elle va mieux.
On la laisse sur sa branche. D’abord pour lui foutre la paix, parce qu'elle a à se requinquer, et ensuite, parce que nous aussi, on a des trucs à faire. Quelques instants plus tard, elle n’était plus sur la branche du poirier. Elle sautillait de branche en branche sur le prunier d’à côté.
Aujourd’hui, on s’est fait une nouvelle copine. Sans doute qu’elle ne s’en souviendra pas longtemps. C’est toujours comme ça, avec les crânes de piaf...
Là, on pratique un peu la putasserie. Foin des réflexions indignées ou rigolotes autour de la typo des rues, foin des textes ironiques ou agacés sur le fonctionnement des bipèdes en ce premier quart du 21e siècle, foin des billets qui informent en faisant semblant de ne pas y toucher. Ça tombe bien, juin, c’est la période des foins. Alors, c’est quoi, la putasserie du jour ? Les chats. Les chats ? Oui, les chats ! Ça plait au plus grand nombre, les chats. Ça émouvissionne, ça rigolardifie, ça scotchifie à l’écran le petit ou le grand public, les chats. C’est si mignon, c’est si beau, c’est si gracile, c’est si indépendant, c’est si félin dans l’autre que ça plait à tout le monde, les chats. Et c’est si bon à manger, paraît que ça a le même goût que le lapin. C’est si mignon, les lapins, mais beaucoup moins félins que les chats. Ah, ça ! tout le monde ne peut pas se mettre à la hauteur des chats, avec autant de volupté et d’indépendance...
Aujourd’hui, deux chats. Un garçon et une fille. Comme ça, y’a pas de jaloux et les quotas masculin-féminin sont respectés. Parce qu’on est irréprochable, ici. Putassier mais irréprochable. Deux chats, soit ! mignons, soit ! graciles, soit ! mais deux chats pas contents. Parce que, soyons honnêtes, l’univers des chats serait bien plus sympa s’il n’y avait pas les bipèdes. Deux chats qui causent pour dire enfin ce qu’ils pensent, ce qu’ils ont sur le cœur. Enfin, enfin, ce que j’en dit, moi qui ne suis pas un chat...
Si je tenais le crétin d’humain qui a fait ma caricature au nez rouge, il passerait un sale quart d’heure. Comme tout chat qui se respecte, je n’aime pas être ridiculisé. J’ai ma dignité. Cochonnerie d’humain... ça ne mérite pas de vivre, cette engeance-là...
Bien sûr, le lit est confortable... Bien sûr, les coussins son moelleux... Bien sûr, l’endroit est calme et reposant... Mais pas moyen de dormir... Si je tenais l’imbécile d’humain qui a glissé un petit pois sous mon coussin du bas.
L’humain est grégaire. L’humain, vous savez, c’est le bipède dont je parle de temps en temps. Il est grégaire. Comme les moutons mais eux, ils sont quadrupèdes. Comme les étourneaux, mais eux, ils sont bipattes à ailes. Enfin, ils sont tous grégaires. Et il y en a d’autres, des grégaires, mais on ne va pas tous les énumérer, ce serait long et inutile.
Disons que le bipède moyen, normal, ordinaire, en général — il y a toujours des exceptions, c’est comme dans la grammaire, sinon ça serait pas drôle — aime bien se retrouver avec d’autres bipèdes, pas trop loin des autres. Chez les moutons, ça s’appelle un troupeau mais chez les bipèdes qui ne veulent pas qu’on les confonde avec les moutons, ça s’appelle une foule ou, quand les bipèdes sont à l’abri dans une structure qui les protège des intempéries, ça s’appelle un village ou une ville, ou une mégapole quand il y a des mégabipèdes assemblés, accumulés, agglutinés. Les structures qui abritent, on appelle ça des maisons, ou des appartements. Dans les maisons ou dans les appartements, on peut trouver des bipèdes isolés, mais pas loin quand même des autres bipèdes, ou alors on peut en trouver plusieurs qui ont choisi de s’assembler, pour fabriquer d’autres bipèdes, ou pas. On appelle ça, généralement, une famille.
Les bipèdes aiment bien les villes parce qu’ils voient et côtoient plein d’autres bipèdes avec qui ils ne conversent pas parce qu’ils ne se connaissent pas. Mais ils aiment ça, les bipèdes. Ils aiment être dans les villes pour côtoyer d’autres bipèdes sans leur parler. C’est à cause de leur instinct grégaire. C’est comme ça. L’ennui, dans les villes, c’est qu’il y a parfois, même souvent, plus de bipèdes qui y sont que d’abris possibles (maisons, appartements). Ceux qui n’ont pas d’abri, parce qu’ils n’en ont pas trouvé, on les appelle des sans abri. On n’est pas allé chercher bien loin pour leur trouver un nom. Des bipèdes qui se la pètent et qui aiment bien inventer des noms compliqués parce que ça fait bien, ça fait instructionné, les appellent aussi des sans domicile fixe. Domicile fixe, c’est pareil que maison ou appartement, mais c’est plus chic à dire.
Dans le temps, autrefois ou jadis, mais pas naguère, les bipèdes étaient grégaires, mais moins. Ils acceptaient de vivre dans des villages. Les villages, c’est comme les villes, mais en plus petit. Les bipèdes choisissaient un endroit, et ils construisaient leurs abris les uns à côté des autres, mais pas beaucoup. C’est ça un village : des abris, mais pas beaucoup. Et les bipèdes qui étaient un peu moins grégaires que les autres construisaient leur abri sur les bords du village. Comme ça, ils pouvaient voir le villages et les autres bipèdes quand ils en avaient envie, et quand ils n’en avaient pas envie, ils regardaient ailleurs. Là où il n’y avait pas des bipèdes.
Mais au fil du temps, les bipèdes des villages ont préféré aller dans les villes, là où on trouve plus de bipèdes pour grégariser, quitte à ne pas trouver d’abri. Et ils abandonnaient leur abri du village qui n’abritait plus personne. Et les pauvres abris qui n’abritaient plus personne et qui n’étaient plus entretenus par personne, commençaient à s’abîmer, à se fendiller, à se lézarder, à tomber petit à petit en morceaux jusqu’à disparaître petits bouts par petits bouts.
Et les bipèdes qui vivaient encore à côté dans leurs propres abris les regardaient se dégrader sans pouvoir rien faire. Et on finissait par oublier que des bipèdes avaient vécu là, et qu’ils avaient été heureux de vivre là. Souvent, c’était les enfants des bipèdes qui partaient pour devenir sans abri dans les villes et qui laissaient leurs parents continuer à vivre dans l’abri du village. Et quand les parents disparaissaient pour aller vivre sous la terre, l’abri restait seul et vide, sans personne pour vivre dedans. Avec la tristesse de se dire que bientôt plus personne des bipèdes qui restaient ne se souviendraient de lui ni des bipèdes qui vivaient dans lui.
Bien sûr, bien sûr, les photos sont un peu pourraves. Normal. Une photo ne peut être que pourrave quand on espère qu’elle soit un reflet exact de la réalité. Ouais... mais faudrait d’abord savoir ce qu’est la réalité. Refrain connu. Ce qu’on perçoit et qu’on nomme réalité, nous les bipèdes qu’on dit de nous-mêmes qu’on est doté de raison (faudrait aussi savoir ce qu’est la raison), avec nos cinq minables petits sens qu’on ne sait même pas dans quel sens ils fonctionnent, qui captent ce qu’ils peuvent, et qu’on comprend ce qu’ils ont capté avec l’attention qu’on peut, est-ce que c’est ça la réalité ? Et est-ce que la réalité bipédique est la même que la réalité de la mouche (ou de l’abeille, c’est plus noble comme bestiole), ou la réalité du crocodile, ou la réalité du bousier coprophage, ou (pour faire plaisir aux petlovers) la réalité des chiens, des chats ou des cochons d’Inde ? Ou la réalité du nénuphar aquatique, ou celle du pavot somnifère, ou celle de la feuille de coca du Pérou, parce qu’elles doivent bien avoir une réalité, les plantes, elles aussi ?
Les plantes, on y vient. Les photos qui sont ou qui ne sont pas un reflet (dans quel miroir ?) de la réalité, qu’on voit, là, dans ce billet, sont, l’un dans l’autre, des photos d’un champ de lin. Bien, on avance. D’un champ de lin en fleur. Et c’est là où ça débloque par rapport à ce qu’on perçoit avec nos yeux de bipèdes censés être évolués et qu’on nomme réalité, alors qu’on ne sait même pas ce que veut dire ce mot de réalité, la couleur des fleurs de lin des photos n’est pas la même que la couleur qu’on voit avec nos yeux de bipède. Est-ce grave ? Non. Demandez à n’importe quelle abeille qui passe ce qu’elle en pense, elle vous dira qu’elle s’en fout comme de son premier voyage pollinisateur. Le bleu de la fleur de lin, pour nous, est d’un bleu pâle, qu’on peut trouver assez chouette, et qui n’a strictement rien à voir avec le bleu du myosotis, ou le bleu du ciel, ou le bleu du lapis-lazuli (c’est beau, ce mot lapis-lazuli, on dirait une petite fille qui danse en robe pastel avec une couronne tressée de myosotis et de bleuets au front), ou le bleu délavé et scandinave des yeux de la petite amie du cousin de ton voisin de palier. Il a pas de palier, ton voisin, pas grave, on supprime le palier, et on garde le voisin. Et si t’as pas de voisin, va voir à Oulan-Bator ou à Tombouctou si j’y suis.
Le lin, ça c’est une chouette plante ! Avec sa graine, on fait de l’huile, et avec sa tige, on fait du fil. Vachement utile, le lin. Surtout pour les vieillards pas encore trop séniles comme moi qui continuent, contre vents et marées (heu... du vent, y’en a dans la Champagne où j’écris ce billet informe, mais des marées... y’en a plus depuis le Crétacé ; les dinosaures ont connu, pas moi, j’suis pas assez vieux), qui, comme moi, contre vent d’Est ou vent d’Ouest, continuent à faire des livres avec des petits bouts de plomb, de l’encre, du papier et du fil de couture.
Avec l’huile de lin qu’on fait bouillir, on obtient du vernis, qu’on mélange avec du noir de fumée, et on obtient de l’encre pour mettre sur les petits bouts de plomb afin de salir le papier. Avec le fil de lin et une aiguille, on coud les petits livres fabriqués pour que les feuilles, ou les cahiers, se barrent pas dans tous les sens. Et le fil de lin, c’est le plus solide de tous les fils végétaux de le Monde entier ! Voilà pourquoi, j’suis ému quand je passe à côté d’un champ de lin en fleur.
... Et en plus, avec le lin, on fait des draps si farabuleux qu’un éditeur-typographe au plomb, allongé entre eux fait des rêves d’Alde Manuce, de Christophe Plantin, de Fournier le jeune, d’Ambroise Didot, de Guy Lévis Mano... et de Gutenberg, bien sûr ! Euh, on m’a dit qu’aujourd’hui, c’était la fête des paires. Donc, la fête des paires de draps de lit en lin. Youpi !
P.-S. (10 minutes plus tard) : Et avec les draps de lin qu’on a bien rêvé dedans pendant des années et des années, qu’ils sont devenus tout usés, plus fatigués que l’éditeur-typographe qui dort dedans, que les pauvres ne sont plus utilisables sur un lit parce qu’ils sont déchirés, troués, enloqués d’un peu partout, on les refile à un papetier à l’ancienne qui va en faire de la pâte à papier, puis du papier à partir de la pâte. Du papier si tant beau, si tant agréable au toucher, si tant sensuel qu’on ne peut pas faire autrement que de fabriquer des chouettes livres avec, imprimés avec de l’encre de vernis d’huile de lin et cousus avec du fil de lin. Et toc !
Elle était là, souriante, aguicheuse, provocante même, et en petite tenue... Alors lui, plus tout jeune mais encore vert, n’a pas pu résister. C’est la loi de l’attraction universelle, et ce qui est valable pour les planètes, les corps célestes, l’est aussi pour les corps humains. L’ennui, dans cette histoire banale, si banale qu’elle tient à l’universel, c’est qu’elle était à Lyon et qu’il était à Paris. Ils n’ont jamais pu se rencontrer. Malgré leur désir, les forces d’attraction étaient trop faibles. Vacherie de physique ! Ah la la ! les grandes histoires d’amour sont toujours désespérées.
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