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Thomas Braun
des fromages
8 pages,
format 11,2 x 9 cm.
tirage à 131 exemplaires en typographie.
CLS
Un volumen,
79 cm de long, 17,5 cm de haut.
tirage à 10 exemplaires en linogravure.
Marie-Rose de France
26 petits textes en proses poétique. Vignettes de CLS.
tirage à 120 exemplaires en typographie au plomb.
Pierre Pinelli
24 pages,
format 15 x 20 cm.
tirage à 100 exemplaires en typographie au plomb.
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Des barbares...
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Fourneau and Fornax
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... for those who are too lazy to seek.
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Elle s’appelle Julie. Une maison a bien le droit de s’appeler Julie, non ? Je la trouve assez jolie, Julie, élancée, avec son bel œil-de-bœuf mutin, souligné d’un trait de brique en guise de mascara.
Et son nom... Avez-vous remarqué dans le bas de son « J », la petite brique taillée en biais pour suggérer la courbe ? Avec Julie, nous sommes loin du béton brut de décoffrage. Nous avons affaire, là, à de la haute maçonnerie, comme on dit de la haute couture.
P.-S. : Ça fait un lien avec le billet d’hier, vous ne trouvez pas ?
L’histoire se déroule en un lieu déterminé mais dans un temps indéterminé. Un maçon, honnête homme, profitant d’une rare accalmie dans son travail, décide de ravaler la façade de son établissement, il travaille vite et bien, il a rapidement fini. Sur le mur nu et ravalé, il veut une enseigne belle, propre, nette, visible de loin. Il fait appel à un fabricant d’enseignes...
— On me l’avait conseillé, pourtant... « Tu vas voir, c’est un bon. Il est un peu cher, mais il bosse bien. » Et voilà le travail...
— Là ! là... Tu vois... c’est pas possible... de quoi j’ai l’air maintenant... Des conneries, j’en ai faites, comme tout le monde, des petites et des grosses, mais je ne les étale pas en grand sur les murs... Alors je l’ai appelé au téléphone... Je ne l’ai pas eu tout de suite, il m’a fait mariner, ce zozo, histoire de se la jouer grand personnage, grand seigneur d’enseigniste...
— Allôôôôôh... oui, c’est pourquoi ?... Ah ! c’est vous... J’ose croire que vous êtes satisfait de nos services... J’en suis même persuadé. Vous savez, nous avons recruté les meilleurs poseurs de la place. Ils sont irréprochables. Rapides, précis, consciencieux... Ah ! pendant que je vous ai au bout du fil, même s’il n’y a plus de fil de nos jours (rire étouffé), pensez à me régler le reliquat de facture. Comme on dit, les bons comptes...
— Ma cédille ! Qu’est-ce que vous avez fait de ma cédille !
— Euh... Je ne comprends pas...
— Je veux ma cédille ! Avec votre enseigne mal foutue, vous me faites passer pour un idiot !
— Je ne vous permets pas...
— Eh bien moi, je me permets, vous allez me poser ma cédille tout de suite, sinon je porte plainte...
— Écoutez, mon petit monsieur...
— Je ne suis pas votre petit monsieur. Je suis un client honnête dont vous bafouez la réputation. Je VEUX ma cédille !
— Puisque vous le prenez ainsi, et qu’il n’y a pas moyen de discuter avec vous, je raccroche...
— Et il a raccroché, le sagouin. J’ai bien essayé de le recontacter, mais il s’est mis sur répondeur... Je fais quoi, maintenant, sans cédille ? Ça ne peut pas rester comme ça... J’ai l’air de quoi ?... Voilà maintenant que je radote... il m’a mis en fureur, l’imbécile... Pour son reliquat, il peut se l’accrocher.
— Tu as cherché à t’en procurer une, de cédille, en passant par quelqu’un d’autre ?
— Je sais pas où ça se trouve, ces trucs-là... c’est pas mon métier...
— Avec un peu de chance, et en cherchant un peu...
Le maçon lève les yeux au ciel, lève ses bras à l’horizontale et les laisse retomber lourdement, en signe d’impuissance. Il baisse la tête, comme s’il se sentait vaincu. Mais...
— Oh ! Regarde !...
— Quoi ?
— Là, par terre, une cédille...
— ... Elle est pas bien belle mais elle fera l’affaire... une fois nettoyée...
— Si tu le dis...
L’été est là et bien là avec ses cohortes de bonheurs et de malheurs. Fini le printemps doux et odorant avec ses éclosions de fleurs au sol et sur les arbres qui n’en peuvent plus d’être beaux et majestueux comme toujours, mais avec en plus une touche de délicatesse et de fragilité toute végétale. L’été est là, avec une chaleur qu’il nous assène à coups de marteau, pour bien montrer sa présence de fanfaron calorifique.
Il nous impose sa présence, et, par la même occasion, il nous oblige, nous pauvres bipèdes bien démunis, bien humbles face à lui, à changer radicalement de comportement. Nous nous dévêtons quelque peu afin de les supporter, lui et sa chaleur envahissante. Le printemps, avec gentillesse, nous avait fait ranger manteaux, doudounes et duffle-coats, nous ne gardons dorénavant que T-shirts, chemises à manches courtes, pantacourts et shorts ; chemisiers arachnéens pour les dames ainsi que jupes légères et froufroutantes. À aucun degré il nous faut accumuler la chaleur. Nos pieds mêmes pensent renaître, nus, dans tongs, sandales ou spartiates. Exit les chaussettes. Et c’est là que le bât blesse et que les bas se blessent. Ou plutôt se sentent blessés par cet abandon.
« Quoi ? on ne veut plus de nous ? Scandale ! scandale ! À bas la sandale ! Et vive les bas Scandale !» La colère gronde chez les chaussettes tant et si bien qu’elles plongent de plain-pied dans la révolte, elles sautent à pieds joints dans la mare de la contestation.
Elles décident d’une grande manifestation nationale, d’un défilé impressionnant propre à marquer les esprits pour les siècles des siècles. Une action propre à entrer dans l’histoire...
C’est dans la Vallée au blé que s’est déroulée la manif. En file indienne, elles défilèrent une par une, sur plus de deux kilomètres, décidées, serrées, revendicatives, aux cris de : « Halte à la perversion et à la nudité ! », « Cachez-nous donc ces pieds que l’on ne saurait voir ! », « Bas ! Mi-bas ! Chaussettes ! Soquettes ! Même combat !...»
Bien sûr, on ne peut pas demander à un marchand de biens, ou à un qui loue des appartements, de connaître la typographie, ni même d’avoir un tout petit vernis de culture en la matière. À chacun son métier et les poules seront bien gardées. Les poules ou les dindons, ou les canards, ou les oies... c’est Capitole, d’avoir des oies comme avertisseur sonore. Surtout à la campagne. Bien, on arrête là avec les digressures, sinon on ne va pas s’en sortir.
{Marchand-loueur d’appartements ≠ typographe}
Un marchand de biens a parfois besoin d’une boutique, et lorsqu’on a une boutique on a besoin d’une enseigne, ou plus simplement d’une signalétique (qui n’est pas toujours un signal éthique) pour indique ça qu’est-ce qu’on trouve à l’intérieur de la boutique. Qu’il n’arrive pas des quiproquos...
— Bonjour monsieur le boucher, je voudrais un kilo de rumsteak dans le filet, c’est pour faire un gigot...
— Ah, mais madame, c’est un marchand de biens, ici... Je vais vous indiquer un bon poissonnier...
Donc, pour éviter ce genre de conversations oiseuses et perdeuses de temps, on indique ça qu’est-ce qu’on fait sur la devanture. Comme ça, plus de dérangeaisons alors qu’on est en train d’établir un bail dans la bavette. Notre marchand de biens qui locate aussi a précisé sur sa devanture : LOCATIONS. Là, c’est bien clair, on sait où on va.
On va chez un locateur d’abris pour bipèdes. C’est super mais pas fétatoire. Comme il n’avait pas trop de place sur la devanture, le mot LOCATIONS, il ne l’a pas mis horizontalement, il l’a mis verticalement. En reliure-dorure de livre, c’est ce qu’on appellerait un titre à la japonaise (ou plus généralistiquement un titre à l’orientale). Pratique courante tant sur les devantures que sur les livres. Toutefois, si on demande à un livre de nous trouver un appartement de 300 m² à louer sur les Champs Élysées pour 300 € par mois, il ne répond pas, sauf si c’est un catalogue d’appartement à louer... et encore... pas sûr.
Quand on regarde le mot LOCATIONS, on arrive à le lire sans problème, même si la lecture est un pouième plus lente quand on lit à la verticale, parce qu’on a bien plus l’habitude de lire horizontalement, qu’on soit debout ou allongé. À la lecture, quand même, on sent une petite gêne qui n’a rien à voir avec la verticalité. Un petit truc qui cloche là-dedans, qu’on a envie d’y retourner immédiatement. Et puis... un déclic... Clac ! On comprend...
L’« S », c’est lui... c’est l’« S »... Dura l’« S » sed l’« S »... Il a eu fantaisie de se mettre la tête en bas, histoire de voir si on s’en rendrait compte... Bah oui, on s’en est rendu compte ! Alors, un petit coup de magie imagique avec un joliciel qui va lui remettre la tête en haut, histoire qu’il voie le ciel qui est si joli, bleu avec des petits nuages blancs.
Bien sûr, la pirouette imagique ne tient pas compte des ombres, ici. C’est qu’on ne peut pas tout avoir. On n’a pas lâché la proie pour l’ombre.
Cette action de remettre la tête en l’air aux lettres qui auraient plongé la tête la première dans le texte est dotée d’un signe chez les correcteurs de copie (une race en voie de disposition sur les étagères de l’oubli). Ah ! j’ai oublié de précisionner : chez les vieux correcteurs de copie qui correctaient des épreuves de textes composés à la main avec des petits bouts de plomb. Passe que les textes d’après qui sont sortis des fausto-composeuses ou les textes qui sortent jourd’hui des ordurateurs après avoir subi un mauvais traitement de texte peuvent plus avoir des lettres suffisamment anarchistes pour vouloir avoir la tête en bas. On a policé tout ça, de nos jours.
— Eh, toi, la lettre, pas question, ta manœuvre de tête en bas, gardavou, et le petit empattement sur la couture du jambage ! Tête droite ! qu’il dit le garde-chiourme du joliciel de mauvais traitement.
— Et la liberté textuelle, qu’est-ce que vous en faites de la liberté textuelle ? qu’elle tente de répondre la lettre, mais rien à faire...
— Quand on est entré dans la police, c’est pour obéir, pas de bavure ! qu’il répond le garde-chiourme avec ses moustaches qui vibrionnent d’indignation. Faut obéir sans autre justification, et suivre le code de bonne conduite au pied de la lettre.
La lettre, là, elle n’a plus qu’à se la fermer, elle sait qu’elle n’aura pas la loi, parce que c’est le joliciel qui la fait, la loi, et que cette loi est pour tout le monde, même pour les lettres anarchistes.
Du temps qu’on acceptait encore un peu d’anarchie dans le texte, des lettres pouvaient se retrouver la tête en bas. Alors le correcteur, il leur mettait une petite barre dessus, histoire de les immobiliser, qu’elles n’aillent pas se cavaler à l’autre bout du texte, là où on ne les connaît pas trop, pour mettre le bazar. Et puis, quand elles ne peuvent plus bouger, il ajoute dans la marge le signe que j’en ai parlé plus haut et qui s’appelle un versatur. Le versatur, il ressemble à un petit ressort, ou à un 3 qui ressemblerait à un petit ressort. Mais c’est surtout un ordre qu’il donne, le versatur, avec son petit ressort.
— Retournez-moi tout ça, pas de fantaisie, scrongneugneu ! Les lecteurs lambda, c’est pas des foutriquets de typographes qui passent leur temps à mettre tout sens dessus dessous !
Voilà comment ça se passait du temps que les petits bouts de plomb pensaient encore qu’ils pouvaient faire la loi...
Versatur
Souhaitons toutefois que, suite à cet aphorisme de rideau de fer, à cette tentative d’humour à la fois administratif et ferroviaire, se trouvent moins de T.G.V. que d’énarques dans cette position. Ne serait-ce que pour la bonne santé des passagers du train. Quant aux bipèdes administrés, ils ont sans nul doute fini par comprendre qu’il ne faut pas prendre le train en marche de leurs administrateurs, ils restent prudemment sur le quai, avec ou sans leurs pancartes revendicatives et leurs slogans forgés d’un seul bloc avec rimes et scansions.
P.-S. : Rien à voir avec le sujet ci-dessus. Je viens de me faire remonter les bretelles par ma pouse (pourtant le port de mon pantalon était bien assuré par sa ceinture), paraît que j’aurais dû préciser dans un billet précédent (lien ici) que le lecteur contemporain et participatif avait le droit de proposer une solution au rébus. Ça me paraissait implicite, peut-être ne l’était-ce pas... Ah ben... crotte, zut, flûte ! alors...
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